Regard depuis un train, c'est ici...

Bonjour,

Je pense  avoir déjà mis quelque part ce texte mais  je ne l'ai pas retrouvé... Peinture, photo ...intimement mêlés par le même regard... non sur le train..mais depuis le train...

Il y en a peu au final sur les forums de ces photos là , c'est pourtant aussi de la photo ferroviaire...C'est là que l'on voit que le champ du mot ferroviaire est extrèmement ouvert...  


"Si Edgar Degas accompagna le groupe impressionniste à ses débuts, ce chantre de la vie moderne ne partageait pas leur goût pour la nature ou le plein air. Aussi ne lui connaît-on que très peu de paysages, et doit-on s'étonner, de la part de celui que l'on a dénommé le " peintre de l'instantané ", qu'une bonne partie d'entre eux aient été conçus dans une voiture de chemin de fer, comme le précise Degas dans une conversation avec son ami Ludovic Halévy ? C'est " le fruit de mes voyages de cet été. Je me tenais à la portière des wagons, et je regardais vaguement. Ça m'a donné l'idée de faire des paysages ". À l'interrogation d'Halévy qui tente de comprendre le soudain intérêt du peintre pour le paysage et lui demande s'il s'agit " d'états d'âme ", Degas répond, en réfutant un langage aussi sentencieux, qu'il s'agit " simplement d'états d'yeux ".


"Une génération plus tard, dans la lignée de Corot, dont il fut l'ami, le peintre Johan Barthold Jongkind évoque pareillement l'influence décisive du chemin de fer sur son style pictural : " Dans le cadre de la fenêtre du wagon j'ai vu passer, à la vitesse d'un éclair, plus de mille tableaux successifs, mais je ne les ai qu'entrevus, très vite effacés par le suivant et, au retour, je les ai revus mais avec une lumière différente et ils étaient autres. Et j'ai compris que c'était comme ça qu'il fallait peindre : ne retenir que l'essentiel de la lumière surprise en une seconde à des moments différents. L'impression fugitive sur la rétine suffit. Tout le reste est inutile. "

Et l'article très intéressant ici  http://etudesphotographiques.revues.org/index101.html qui montre la platitude et le manque d'intérêt que peut avoir un paysage pris en photo depuis un train si la technique et l'imagination ne viennent pas au secours, flou etc. , mais je pense aussi aux fenêtres utilisées comme le cadre d'un tableau par exemple...

Voilà donc pour les amateurs, un post ouvert pour vos photos depuis un train ... mais  il faut que la liaison soit possible à faire, par un élément ferroviaire du décor quel qu'il soit ( pas un simple paysage qui pourrait avoir été pris d'une voiture par exemple )...

Je commence avec ma modeste contribution...

2009 l'Argentière et Briançon... Quand tout se brouille dans les reflets...

Bonsoir,

En voilà un chouette sujet à faire vivre collectivement, mais il faut je prenne le temps de lire le lien que tu nous proposes....

J'aime bien les 2 premières photo, la 1ère pour l'ambiance c'est exactement cela on y est dans cette voiture corail,
et la 2ème pour le graphisme et les couleurs dégagées, c'est superbe

Bon je regarderai si j'ai quelques choses dans cet esprit, surement quelque part en diapo, mais encore faudra-t-il une belle bagarre
avec mon scanneur à diapositive(s)....

Merci à toi et +

Bonsoir,

Je vais participer à ce fil avec deux photos assez particulières.

La première provient d'une série faite lors d'un voyage entre Paris Est et Nancy en TGV, depuis la fenêtre des portes d'accès (je voyage pas mal sur les strapontins ). Cette série n'a pas été faite au hasard. Elle faisait partie d'une réflexion visant à apporter un regard particulier sur la LGV Est. Il s'agissait aussi pour moi de faire une série "hommage aux impressionnistes". Car comme l'indique le texte qu'Hélène partage avec nous, le train a fortement conditionné leur vision du monde. Je ne sais plus si c'est sur le texte donné en lien que j'ai lu que le mouvement du train et l'apparence de masses de couleurs dues à la persistance rétinienne avait donné ces couleurs particulières des tableaux impressionnistes. Donc dans ma série prise depuis le TGV, j'ai déclenché en vitesse lente et j'ai "poussé les couleurs" au développement. Je n'ai pas retenté l'expérience depuis pour conserver un aspect unique à cette série.



* * * * *

La seconde est très récente (aujourd'hui) est a été prise avec un iphone. Je travaille depuis quelques jours avec une application qui me permet de superposer plusieurs images au moment du déclenchement (une sorte de multiexposition). J'essaye véritablement de construire mes images dans cette recherche. Je me déclenche pas deux vues "au hasard". Par exemple, dans ce que je partage avec vous, j'ai mélangé la vue du train (un AGC) et la vue faite depuis ce même train. Je conviens que ce genre de photo peu paraitre extrême mais je pense qu'elle correspond à ce sujet.



Belle soirée,

Renaud

Bonsoir Renaud,

Pour rester dans les termes de peinture, là on peut dire que tu es passé de l'impressionnisme au collage...

J'aime la première, les couleurs juxtaposées des champs avec ce chemin pile au milieu et qui a le bon goût en plus de serpenter , ce ciel bien laiteux et le fondu de l'ensemble, très réussi...

La seconde est dans une démarche toute différente...J'avoue que cette application est assez bluffante par les perspectives de possibilités qu'elle ouvre...On est vraiment dans le même principe que la technique du collage en peinture, et dans la même dialectique, le collage est-il de la peinture ? Et ceci est-ce encore de la photo ? Je n'ai pas la réponse ;-) et ça m'importe peu, pour moi dans l'Art , quel qu'il soit, il n'y a que les limites que chacun veut bien se mettre...

Bonsoir,

C'est vraiment un instant volé, saisi aujourd'hui à travers la vitre sale du train...Brut de brut, sans aucune retouche ni recadrage, autrement dit les défauts , je les vois...

Mais je l'ai mise parce que c'était super important pour moi, depuis le temps que je n'ai pas posté ici...

Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais oui avec un netbook et je n'ai pas encore cherché un logiciel de retouche plus léger que gimp que je pourrais y utiliser...et le comble, c'est qu'avec la fatigue , j'ai même oublié la gare que c'était Lannemezan ( je crois bien en déchiffrant sur la photo que c'est ça ,dans le coin en tout cas...)

Mais cette photo aussi qu'elle soit , est une des plus importantes que j'ai jamais faites, pour moi oui, tout comme la mettre ici... C'est quelque part une victoire, un pari réussi sur la vie, tout comme ce forum qui aura bientôt trois ans et qui m'est si cher par tout ce qu'il représente de lutte et de mise en application des valeurs auxquelles je crois ...

Il y a des choses qui prennent valeur de symbole parfois et voilà , ça en est un pour moi...et le début de nombreuses photos à venir de moi, mises ici, je vous le promets...je me le promets...

Désolée pour l'épanchement de ce soir... Mettez ça sur le compte de la fatigue, le voyage a été usant...


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Bonsoir,

Je me doute que cette photo ne va pas plaire à beaucoup ...Mais moi ,elle me plait, par tout ce qu'elle représente en cet instant saisi...très exactement comme ça, donc j'assume ;-)


C'est un peu de mon envie d'usines, de crade , de noir et fumée à photographier...envie de traîner dans les arrière-cours , dans les raffineries , dans les dépôts...

Dans les quartiers oubliés et les bidonvilles aussi...ceux montés de bric et de broc sur nos périphériques, entraperçus là aussi l'espace d'un instant par une vitre et déjà retournés au néant...envie de faire toute une série de portraits noir et blanc des familiers de la nuit...Il y a tant de regards à transcrire...si j'osais...aller au-delà de ma pudeur...

Un jour peut-être j'y arriverai...à ne plus considérer l'appareil comme voyeur mais comme témoin... d'une beauté qui n'est pas dans les canons mais qui dans certains instants en est tellement plus terriblement , magnifiquement, humaine...

Envie d'apprendre à apprivoiser les lumières de la ville...c'est si beau, une ville la nuit...

Envie d'arriver un jour à réaliser ( et ne pas rater ;-) ) la photo qui me fait rêver...celle d'une raffinerie la nuit...

Envie de capter des images comme celle-ci...Une vision de la France industrielle...Si fugitive que déjà la rétine ne sait plus si ce n'est pas une image du passé, tellement ça semble une injure dans la France d'aujourd'hui...

Envie de tout cela, oui...Il n'y a pas que le bucolique dans la vie...

Bonsoir,

Ah bien alors là, c'est sur.., tu prends de "gros" risques.................

OSER montrer une usine qui tourne encore............. ( quoi il y en a toujours ???) qui plus avec une desserte par voie de chemin de fer embranchée.......
en plus t'aggraves ta peine............... , y'a des wagons "marchandises" dessus

K.E.S.A.K.O il en reste encore ???; c'est encore autorisé...???, t'es sur...???, allez...., avoues , tu travailles pour qui !? les rouges, les bleus, les jaunes, ou bien ???
non !!! le lobby du chemin de fer...?? , je les croyais tous (re)convertis au "fercam"......, Qôouah ??!? simple administratrice d'un forum philo-ferro machun.....
Et tu veux nous faire "gober" ça.....
c'est bon pour toi fichage, relevé d'empreinte, prélèvement d'ADN, 48 h de garde à vous et tout le tin touin.....

En plus avec la mention "issue de secours" sur les cheminées c'est "tendance", mais tu vas te mettre à dos les verts..............


Allez !! c'est bon pour cette fois, on passe l'éponge, circulez y'a rien à voir !!! et pour cette vision chemin de féerrique et +

je vais abonder dans ton sens Hélène et te dire qu'effectivement, il n'y a pas que le bucolique dans le vie. Alors pourquoi devrions nous ne proposer que des photos aseptisées? A l'instant où l'on déclenche, la photo est le reflet, de ce que voit notre oeil, même à travers une vitre sale, de travers. Faut-il travestir la vérité? je ne crois pas. Surtout quand elle s'accompagne de mots qui expriment un ressenti.
Merci pour cet instant d'émotion.
Et merci au passage à Fabrice pour son billet plein d'humour...

A+lbert

Bonjour,

Fabrice : Merci pour ce grand rire du matin...C'est toute l'ironie que j'aime...et si juste...


Albert: Merci pour ce partage de ressenti...où l'on se rejoint...Et non la vie n'est pas aseptisée , lisse dans cette belle image qu'on nous offre à sur-saturation dans notre société, c'est le cas de le dire, jusqu'à l'autisme...

J'aime effectivement prendre mes photos vues du train "de travers" , c'est à dire en restant à ma place, dans le regard passif du passager , instants entrevus, ça veut tout dire...pour restituer totalement ça...C'est une recherche qui correspond à ma façon de voir aussi...que ce soit en bus ou en train, là où tant de gens sont plongés dans leur livre ou leur musique, je regarde chaque parcelle du paysage croisé...Pour moi , le voyage commence dès que je mets le pied dans le moyen de transport de mon choix, pas à l'arrivée...

Voyeur...

Oui forcément, voyeur...On capte et fige des séquences de vie...Le regard qui traîne normalement sur les choses sans s'y arrêter ,se fait fouineur, à l'affût...

Mais pas en curiosité de ce que l'autre vit...et toute la différence est là avec les paparazzi...

Non, en recherche du reflet, de l'attitude, de ce qui pour sa photo, pourrait donner, exprimer...

La personne s'efface derrière le désir...On ne lui vole pas son âme ou son intimité, on lui a déjà inventé une histoire qu'elle ne vivra sans doute jamais , mais que par l'image ,on va créer. Pour soi, pour ceux qui à leur tour imagineront la leur ,par ce qu'ils voudront y voir.

Et le sujet s'efface derrière tout cela...Il est même interchangeable parfois, l'essentiel étant alors qu'il y ait quelqu'un à cet endroit , dans cette pose . Parfois non, c'est ce qu'il dégage qui donne tout son sens à la scène saisie...Ce qu'il dégage ,mais pas lui. Et tout est là...

Qu'il est narcissique le droit à l'image tel que le conçoit notre société...tel est en tout cas mon avis...


Celle-ci, je l'appellerai , ça s'impose, à l'horloge du temps ;-) : Instant volé...






Et puis parfois, on ne sait même plus qui est là, qui n'est pas, qui est réalité, qui n'est que reflet, dans cette danse échevelée qui s'imprègne sur la rétine ,au fil du trajet...

Va-t-on poursuivre aussi ce qui n'est que l'ombre de soi ?...

Logo...

Quel est le meilleur logo ?...Devant ou derrière ?...





Des précisions quant à mon choix : J'aurais préféré pouvoir cadrer pleine face, mais c'était impossible, trop d'éblouissement rendait tout illisible...et le jeu de ma question n'avait de sens pour moi qu'avec une photo en couleur, également...

Bonjour Hélène,
C'est étonnant comme en voyant ces dernières photos en gare, j'ai l'impression de revoir certaines des miennes... Euh, je ne sais pas si c'est un compliment... Mais il y a l'idée, d'accrocher un instant "T"... En plus tu trouves moyen de réaliser une photo avec deux de mes sujets favoris, les gens en situation et les reflets. Chapeau.
A+lbert

Merci Albert...

AUBAGNE......?!?,

Oui voilà maintenant cela me revient, Marcel PAGNOL y est né................., j'en conclu que le Garlaban n'est plus très loin

Oui , c'est toute la Provence là... Un grand auteur... bien loin des Pagnolades dont certains voudraient l'affubler pour justifier les leurs...

Et Giono ? Faudra que je cherche si il n'a rien écrit sur le train ...

" Dessous, dans le bas-fond, c'était un gros village. Ça vivait comme un tas de fourmis. De longs convois d'automobiles ronflaient sous les peupliers, au bord d'un canal mort. Une petite locomotive secouait sa queue de wagons entre les meules de paille : on la voyait, tout énervée, faire tourner ses petits pieds, sauter, siffler, cracher dans les herbes "

Le Grand Troupeau Giono 1931.

Des passages faisant référence à des trains oui...Après , j'ignore s'il y a un livre qui l' évoque plus longuement...

Pour moi, mais ce n'est que mon avis bien sûr, Pagnol est l'écrivain de la Provence du Sud , celle des bords de mer , ouverte, où l'on se presse de rire de tout pour ne pas en pleurer, où la tragédie se dissimule sous la mascarade et le trait forcé... Giono est l'écrivain de l'arrière-pays, une Provence rude en son climat et en sa terre, fermée, qui a modelé les gens à son image et où l'histoire prend des allures de tragédie grecque...
Deux mondes aux gens différents modelés par deux modes de vie bien différents...

Je trouve aussi Giono plus profond. Ils ont travaillé plusieurs fois ensemble sur des adaptations, même si cela ne s'est pas bien fini, leurs visions du cinéma étant trop différentes.Bravo pour la réponse sur le train. Je ne vois pas de livre de lui où le train ait un rôle important (mais il y a longtemps que je n'ai pas relu).

Bonsoir,

Bonjour Hélène,
Je vais commencer mon cheminement à travers les pages du forum, que je n'ai pas eu le temps d'explorer.
Première interrogation. Pourquoi aucun commentaire? N'est-elle pas assez ferroviaire cette photo?
Mon regard sur les trains, mais en général mon approche de la photo ont changé.
J'aime cette photo pour sa luminosité, sa douceur. Le train ici, prend toute sa dimension. C'est le vecteur du voyage, de l'évasion. Tout cela est suggéré par la large ouverture sur la mer et la perspective. Le train n'est plus l'objet photographique en soi.
Une très belle photo.

A+lbert

Bonjour Albert,

Et merci pour cette appréciation ... J'aime beaucoup aussi cette photo, elle reflète , sans jeu de mots ;-) , tout ce que je souhaitais y mettre...

Peti apparté sur le "pourquoi aucun commentaire " ? ...eh bien peut-être parce que parfois on voit et apprécie une photo sans savoir préciser, et on n'a pas envie de dire juste "beau", ou on n'accroche pas et juste envie de se taire ... ou surtout aussi ici, je crois, on est peu nombreux à faire vivre ce forum et personne ne peut être au four et au moulin à la fois donc...etc...etc...

Il peut y avoir de multiples raisons, l'important pour moi est de me faire plaisir en prenant la photo, et en la partageant ici, surtout quand j'en aime le résultat , et là c'est le cas...