Visa pour l'Image

Bonjour ,

A Perpignan , la 25 ème édition du Photojournalisme du 31 Août au 15 Septembre 2013... On n'en fait plus la réputation , elle est aujourd'hui internationale...

J'espère pouvoir y aller si comme je l'espère, je peux faire un saut à Perpignan... Même si les photos sont terribles pour la plupart à voir , et c'est pour cela que dans notre société , ça a tant de mal à exister aujourd'hui , les journaux préfèrent les people en couverture , ça fait vendre et c'est moins risqué pour ceux qui les font...

Terribles et magnifiques, avec pour la première fois, un géant comme Don MCCullin...

Et il faut savoir que toutes les expos sont gratuites...De plus, connaissant bien Perpignan, je peux vous dire , ce qui ne gâche rien ,qu'elles ont lieu dans le cadre de lieux magnifiques...

Bref, si vous passez dans le coin et voulez voir le témoignage du monde avec talent...

http://www.visapourlimage.com/fr/index.do;jsessionid=88BFAA36FA6DA15A0D38D5206FC6200A

Re,

Un très bon article sur McCullin et sur le , de façon plus générale, comment on vit avec ça ?

http://photonumerique.codedrops.net/spip.php?article82


Toutes ses photos sont un coup de poing, certaines quasi insoutenables comme au Biafra, mais c'est notre monde ...


Et ces noirs et blancs sont tous simplement fabuleux, je suis soufflée par celui-ci

http://www.fixeven.fr/don-mccullin-photographe-sans-frontieres/

Re,

Je vais y aller ...  Je ne sais pas encore quand la semaine prochaine mais ça va se faire et je suis très contente...Je vous dirai et vous rapporterai mes impressions de toute façon ...

Je suis toute heureuse de pouvoir pour la première fois assister à une manifestation de cette importance, ça ne m'avait jamais été possible jusque là ...et de voir en live des photos dont le talent de témoignage et de prise de vue est si grand...Je pense que quelque chose doit changer dans son regard, même de photographe amateur, après ça...

Bonsoir,

Profite bien, Mc Cullin est une véritable source d'inspiration pour le post-traitement noir & blanc. Ses photos de paysage britanniques sont moins connues que ses reportages mais elles mettent particulièrement bien en valeur des météos peu lumineuses, des ciels bas... La photo de cet homme allant à l'usine est emblématique de ce style britannique.

A plus,

Renaud

Re !

Et dans le style britannique, Robin Coombes produit des choses contemporaines très fortes comme ceci : http://www.flickr.com/photos/robinandtaliesin/9686062319/

Renaud

Bonsoir Renaud,


Oui, il me tarde de voir les photos de Mc Cullin  , j'adore ses photos de paysage britanniques... Et puis l'ambiance d'une telle rencontre photographique aussi, c'est la première où je me rends...

Merci pour la découverte de Robin Coombes dont j'avais aperçu quelques photos déjà ,je crois...Il y a des photos que je trouve très belles , très fortes...D'autres...Eh bien , j'avoue qu'il y a un traitement aujourd'hui, une espèce de lissage tellement fort  qui pour moi vide tellement une photo de son émotion que je ne ressens rien et n'apprécie pas, comme c'est le cas de la photo gagnante cette année du World Press ... Je ne sais pas l'expliquer techniquement , mais ça devrait être une photo bouleversante émotionnellement et j'ai l'impression d'être devant du papier glacé...Ces photos sont anesthésiées pour moi , figées...mais juste mon avis

Bonjour, à vous

Je ne connaissais pas ce photographe, effectivement du grand art avec beaucoup d'émotion ressorte de son travail photographique,
assez ignorant du monde de la photographie je vous remercie de tous ces posts ferroviaires ou non que vous nous ouvrez sur le
sujet, ils constituent de vraies sources artistiques et émotionnelles au gré de ce que je découvre, avec toujours chez ces artistes
une humanité présente à fleur de photographie.

 plus

Re,

C'était juste...époustouflant, avec beaucoup d'émotions contradictoires dont je vous parlerai à mon retour...

Je suis restée statufiée devant les paysages de Don Mccullin, au-delà de tout son autre travail, en me disant mais comment on peut faire ça ?...Comment on arrive à un tel travail en noir et blanc, une telle perfection ? Tout en sentant la réponse : des années et des années de travail et d'expériences vécues derrière...

Il y avait plein de choses très fortes et du travail d'exception dans ces expos, mais là , il y avait un plus...Quelque chose de l'ordre de l'âme , je ne saurais dire mieux...

Mais je vous raconterai plus...  

Bonjour,

Bon alors, envie de vous donner mes sentiments , dans le désordre , comme ça vient, et en sachant que ceux du voisin seraient certainement tout différents... Pas de photos, j'ai délibérement  laissé l'appareil à la maison. Il y a des moments...J'étais là pour recevoir et apprendre...


Je suis super heureuse d'avoir vu Visa pour l'Image...Ca m'a apporté une autre dimension que dans le virtuel  ou sur un livre , je ne peux pas saisir comme en live...


D'abord en voyant cette manifestation , j'ai compris ce qu'était le voyeurisme et ce qu'était le photojournalisme. Ces gens témoignent , au risque de leur vie, et quand ils nous montrent des horreurs, c'est pour dénoncer, et une pierre apportée à l'édifice , qu'on fasse quelque chose pour que ça cesse, et pour que plus jamais ça. Et que la responsabilité, elle est dans l'utilisation qui en sera faite par ceux à qui la photo ( ou le film , c'est pareil ) sera fournie, racoleur , faire pleurer dans les chaumières, ou décryptée, expliquée  en prenant le temps de faire comprendre ce qui se passe pour que cette photo soit possible...


Ensuite, j'ai pris une leçon de photographie immense... Et j'aurais été heureuse d'y aller rien que pour ça...


Sur l'organisation elle-même , un grand coup de chapeau que tout ça soit gratuit et donc accessible à tout le monde... Deux bémols : je ne sais pas si c'est parce que la Municipalité voulait que les visiteurs, nombreux et de toute nationalité,  découvrent Perpignan   mais le fléchage dans les rues des expositions était inexistant, et le nombre de personnes hors catalans, tournant dans la vieille ville accrochées à leur plan, en se demandant  où ça pouvait bien être , était révélateur... car bien sûr , tout était dans le prospectus  édité à cet effet, mais quand on se lance dans des petites rues, même moi, je me suis paumée depuis le temps que je n'étais pas revenue à Perpignan ...Et la deuxième chose bien plus gênante selon moi, notamment pour l'expo Don McCullin , sans doute à cause de l'éclairage : l'absence pour les cadres de vitres anti-reflet. C'est très désagréable quand on regarde une photo de se voir dedans , idem de voir les gens qui passent derrière et de devoir se tortiller pour en capter toute l'émotion et la beauté...


Sur les photos elles-même...Je me suis retrouvée confrontée à toute la difficulté du photojournalisme et des sujets... Parce que mon regard était sur le témoignage mais en même temps sur la façon de photographier. Alors comment je peux dire , mon dieu que cette photo est belle et c'est ce que je ressens pourtant, sa beauté, son cadrage, le choix du sujet   me foudroient  , alors que c'est quelque chose d'horrible qui est montré ?  J'ai ressenti tout au long une culpabilité , comme si en regardant le côté technique, artistique , j'avais nié la souffrance de la personne sous me yeux en train de hurler, de pleurer la mort d'un proche , ou de mourir dans les violences ou à petit feu... Et puis j'ai accepté . Je me suis dit que c'était bien d'avoir conscience de cette ambivalence, et que je partageais ainsi la leur, un peu, à tous ces photographes qui ne sortent pas indemnes de leur travail ( et parfois aussi physiquement Joao Silva y a perdu ses deux jambes en sautant sur une mine,  sans même parler de tous ceux qui y laissent la vie ou deviennent otages ) , il suffit de lire leurs commentaires pour comprendre... Ils sont hantés...

Ensuite par choix personnel, il y a des sujets où j'ai moins accroché, le choix du traitement ,des couleurs idem...Je suis aussi perso attirée par le noir et blanc, donc même en couleurs ,des traitements plutôt sombres m'ont parlé...

Habitant sur place, j'aurais étalé bien sûr dans le temps , là j'ai tout vu ( sauf deux dont j'ai fait l'impasse ) sur une journée , donc je n'ai pas pu prendre le temps comme je l'aurais souhaité , des choses m'ont échappées... et avec un break au milieu car j'ai senti la saturation arriver , trop c'est trop du malheur du monde à un moment...Il y avait dans certaines salles, un silence à couper au couteau bien plus parlant que toute phrase...


Par ma sensibilité , ce qui m'a le plus marqué  , ce ne sont pas les scènes de violence,  morts, blessés etc . parce que je me ferme instinctivement , je me blinde face à ça pour y résister et ne reçois  donc pas tout le message... mais quand c'est suggéré...J'ai ainsi reçu bien plus de plein fouet,  toute la c.nnerie des guerres en regardant longuement la photo d'un homme armé , assis sur des gravats , qui venait de voir son ami tué dans les combats...L'expression de son visage et ses yeux lointains, hagards...ou comprenant peut-être enfin, tout au contraire ...voilà le genre de photo qui me bouleverse...mais c'est  ma propre sensibilité...Chacun...

Le reportage justement, du coup,  que j'ai trouvé le plus dur, qui m'a le plus marqué à la limite de l'insoutenable à regarder, ( et de par ce que j'ai pu en parler ensuite avec des personnes l'ayant vu, je ne suis pas la seule qu'il a secoué ) , c'est celui d'Andrea Star Reese sur les asiles pour malades mentaux en Indonésie...L'humanité dans la misère physique mais aussi mentale,  mise en cage, enchaînée ...

Je me suis régulièrement trouvée à expirer lentement , oui , pour évacuer l'émotion devant toutes ces expos...


J'ai aimé... le travail d'Abir Abdullah à Dacca sur les incendies et en plus du témoignage, la beauté de ses photos en noir et blanc...Le travail de Jérôme Sessini "Les rues d'Alep " parce que justement à travers plus de ruines que de scènes trash , on est au coeur de la cité et on voit de  l'intérieur , et puis ce traitement des couleurs dont je parlais tout à l'heure, où il y a presque un côté sépia ( Je suis désolée mais incapable vu mon inculture technique d'expliquer les méthodes utilisées )   Idem  Joao Silva et sa retrospective...



Et puis , à part,  pour moi, et non pas au-dessus ,ce qui serait ridicule car vu l'âge de Don McCullin, il y a des années d'expérience et de vie derrière, et des époques différentes traversées , donc comparer serait absurde...

Simplement , quel que soit le sujet,  dont on suit  la progression au fil du temps, ses noir et blanc de par les choix, les cadrages , le traitement, sont époustouflants.   Pour un peu de légèreté , je n'ai pas pu m'empêcher de sourire malicieusement en voyant une photo et en pensant en correspondance, à la réflexion de certains sur les forums : "eh , mais, il a coupé le char là, il n'est pas en entier, quel dommage... " Idem devant une photo de paysage prise le soleil de face.  Mea culpa...   Plus sérieusement, du coup ces photographes éblouissants dans les résultats,  nous donnent l'envie d'oser, de transgresser, ils nous ouvrent la fenêtre sur un gros bol de liberté...

Et puis arrivent les années sur l'Angleterre , sa crise, ses chômeurs...Les portraits sont magnifiques d'humanité. La magie est là , je crois ,quand un photographe est capable de nous montrer, tout en témoignant et dénonçant l'inacceptable de cette situation, la beauté humaine dans la plus sordide des conditions, c'est la part d'âme ( ou qu'on l'appelle comme on veut ) qu'il a su capter...Et il faut avoir beaucoup d'humanité en soi, je crois, pour y arriver... Ca me rappelle Dorothea Lange et son témoignage sur la crise américaine à travers ses photos... Parce que c'est nous, ça pourrait être nous tout autant, ce n'est pas un martien qui est photographié...

Et puis ses paysages   ...Et là , on est dans l'époustouflant au niveau de la technique...Ces ciels en noir et blanc...la campagne...


Je suis allée voir son expo en tout premier, je voulais être vierge encore de sensations et émotions...Et j'y suis repassée après, juste pour me replanter devant certaines photos longuement, avec le sentiment de m'alléger quelque part, mais aussi pour essayer de comprendre...

Je suis ainsi restée devant la photo d'un simple chemin dans un paysage plutôt plat, monotone...Seul le chemin brille, tout le reste ,ciel et campagne sont sombres...J'ai regardé de loin, de près, le nez collé dessus...Comment peut-on faire ça ? Comment peut-on arriver à une telle perfection ? Je ne sais pas...


Voilà , j'ai fait très long , je sais  mais j'avais envie de vous faire partager un peu de  mes émotions... 


Mais  si j'avais eu une seule phrase à dire , ce serait  : Je suis sortie plus riche de Visa pour l'Image.

Bonsoir,

*like*

(clin d'oeil humoristique à un intéressant message qu'une (lourde) formation belge me fait retarder un commentaire )

Renaud

Bonsoir Renaud,

 

Bosse bien  

Re,

Je voulais juste rajouter une chose que j'ai oubliée : l'importance que peut avoir le lieu d'une exposition dans l'émotion. Je n'en avais jamais pris conscience comme là.

Ainsi l'expo dont je parlais sur d'Andrea Star Reese sur la maladie mentale, ( le désarroi de l'absence de soins efficaces et surtout d'une reconnaissance en tant que telle ( pour être accepté par les siens , il faut que le malade soit considéré comme victime d'un Esprit ou d'un mauvais sort ,et non de sa propre folie ) et les asiles pour malades mentaux en Indonésie qui sont horribles ), avait lieu dans une des salles basses du Couvent des Minimes.

Quand mon regard fuyait les photos trop dures pour un instant de répit , envie de respirer , vite une fenêtre, un coin de ciel , un arbre à apercevoir avant de replonger vers elles...il se trouvait dans une salle basse du couvent, dans son jus, , un escalier pour y descendre , pas de fenêtres , cela aurait pu être un cachot tout pareil, et horreur ,quand j'ai baissé les yeux, même le carrelage avait une correspondance avec celui des photos...ce qui fait qu'un instant où l'on a cru s'échapper, on se dit qu'on pourrait être au coeur tout au contraire, qu'il n'y a plus de limite dehors/dedans, et qu'ils pourraient être là , à côté de nous, enchaînés...

Ce n'est que mon ressenti tout personnel , encore une fois , mais j'avais envie de souligner la corrélation non négligeable du lieu et de ce qui est exposé. Là tout se tenait à une exception près, dans des lieux anciens, couvents , chapelles, casernes et pour la majorité terriblement austères...et c'était un choix formidable.

Bonsoir,

Bon j'ai un peu de temps à consacrer au forum. Plein de choses passionnantes, plus ou moins drôles et faciles à vivre se sont produites dernièrement et je n'ai pu que lire. D'ailleurs que les contributeurs qui me lisent ne s'offusquent pas si je ne participe pas à leurs fils. C'est plus un question de temps que de désintérêt. 

Ceci étant dit, je suis heureux de lire combien une expo photo peut apporter. Je l'ai développé dans un autre message mais je trouve que trop de photographes (et en particulier les plus jeunes) délaissent cela comme les bouquins. Tous rêvent d'en faire un ou d'avoir ses photos éditées dans un livre mais aucun n'en achète. C'est pourtant par là que l'on nourrit la machine à créer. Si on ne fait pas l'effort ou si l'on a pas la curiosité de voir ailleurs, il arrive un moment où on tourne en rond. Pour rester dans le domaine ferroviaire, je trouve que la plupart (si ce n'est tous) des photographes français actuels que j'apprécie font toujours la même chose. Le décor et le train change mais toujours le même format, le même tableau. Certes il y a des petites choses ici et là (et c'est pourquoi je suis encore les travaux de ces photographes) mais obstinément, il y a comme l'obligation de rester dans le moule, comme pour plaire au groupe. Je parle en connaissance de cause : dès que l'on sort des limites, il y a des réactions, parfois violentes.

Pourtant, je ne regrette nullement mes choix. J'assume mon côté de photographe de carte postale mais je continue l'expérimentation et la remise en question. Les premières photos de McCullin,je les ai découvertes en mars 2012 lors d'une visite au V&A Museum à Londres. Deux tirages y figurent dans une salle consacrée aux photographes britanniques. Et là je suis scotché face à cette façon de s'approprier le climat et l'ambiance britannique. Et il n'y avait pas que la prise de vue qui était impressionnante, il y avait tout le travail de tirage. Et c'est là que je souhaitais réagir. Trop de photographes (la plupart, tous ? ) négligent cette aspect de la photo numérique. On met 1500 euros dans un boitier mais on rechigne à mettre 200 euros dans un logiciel digne de ce nom. Pourtant, les outils existent comme Silver Efex Pro qui me permet de créer de véritables tirages n&b. C'est une véritable chambre noire à ma disposition et oui j'ose comparer mon travail à du tirage de labo ! Désolé de choquer les intégristes de l'argentique !
Et il ne faut pas avoir peur de s'inspirer des travaux d'autres pour trouver son style. Il faut oser mettre du noir où tout le monde éclaircirait ou laisser les défauts que tout le monde chercherait à cacher... La photo est quelque chose de personnelle et je suis toujours très fier lorsque quelqu'un me dit "il n'y avait pas de doute, cette photo était de toi". Pour moi, la leçon de Mc Cullin, ce sont ces noirs profonds qui s'associent parfaitement avec le temps gris. J'ai des idées de travaux sur des thème ferroviaire à ce propos. J'espère pouvoir publier une première série sur mon blog le mois prochain.

Et tout cas bravo à toi et merci de partager ton expérience, ton ressenti. Cela invitera peut être certains de tes lecteurs de franchir le pas et se dire "tiens si j’essayais ça pour une fois..."

A bientôt,

Renaud