L'imparfait n'est pas que du subjonctif...

Léo toujours...Comme un souffle d'air frais...



(...)
Vous avez le style du pouvoir

Vous en arrivez même à vous parler à vous-mêmes

Comme si vous parliez à vos subordonnés,

De peur de quitter votre stature, vos boursouflures, de peur qu'on vous montre du doigt,
dans les corridors de l'ennui, et qu'on se dise : "Tiens, il baisse, il va finir par se plier, par ramper"

Soyez tranquilles ! Pour la reptation, vous êtes imbattables ; seulement, vous ne vous la concédez 
que dans la métaphore...
Vous voulez bien vous allonger mais avec de l'allure,

Cette "allure" que vous portez, Monsieur, à votre boutonnière,

Et quand on sait ce qu'a pu vous coûter de silences aigres,

De renvois mal aiguillés

De demi-sourires séchés comme des larmes,

Ce ruban malheureux et rouge comme la honte dont vous ne vous êtes jamais décidé à empourprer
 votre visage,

Je me demande comment et pourquoi la Nature met

Tant d'entêtement,

Tant d'adresse

Et tant d'indifférence biologique

A faire que vos fils ressemblent à ce point à leurs pères,

Depuis les jupes de vos femmes matrimoniaires

Jusqu'aux salonnardes équivoques où vous les dressez à boire,

Dans votre grand monde,

A la coupe des bien-pensants.
(...)

Une rubrique poésie et chanson ne peut être que fourre-tout dans le sens positif que la poésie est de la rue donc métissée et multiple...que parfois une simple chanson la porte mieux... et fait passer bien plus de frissons qu'un long texte...

Illustration avec cette magnifique chanson de Cali sur une triste page d'histoire...avec des images du camp de Rivesaltes ,
"accueil " des réfugiés espagnols après la Retirada comme on dit là-bas...

Dans notre monde où tant de gens réclament de plus en plus de maternage , de règles, de sigles officiels derrière lesquels se retrancher...Envie de relire comme une grosse bouffée d'air ....ce poème d'un des plus grands poètes de notre époque Paul Eluard...

Liberté

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom


Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom


Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom


Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom


Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom


Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom


Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom


Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom


Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom


Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom


Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom


Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis
J'écris ton nom


Sur le fruit coupé en deux
Dur miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom


Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ces oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom


Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom


Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom


Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom


Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom


Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom


Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom


Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

LIBERTE

Pour rester hors sujet (Apollinaire):

Le pont Mirabeau dit par Apollinaire: http://www.wiu.edu/Apollinaire/Apollinaire_recite_le_pont_Mirabeau.wav

Ceci dit je préfère largement "Alcools" au pont Mirabeau

Je préfère aussi Alcools et les poèmes à Lou...

j.bratieres a écrit:Pour rester hors sujet (Apollinaire):

Le pont Mirabeau dit par Apollinaire: http://www.wiu.edu/Apollinaire/Apollinaire_recite_le_pont_Mirabeau.wav

Ceci dit je préfère largement "Alcools" au pont Mirabeau

"Alcool" est le recueil de poème qui contient le poème le pont Mirabeau
C'est d'ailleurs dans ce recueil que figure "La Chanson du Mal Aimé"
J'avais étudié "Alcool" en 1ère et j'ai eu la chance au BAC de pouvoir choisir le texte sur lequel je devais etre interrogé et j'ai choisi un poème de ce recueil pas connu mais qu'on avait eu à faire en explication de texte écrite pendant des vacances scolaires et que j'avais retravaillé lors de mes révisions (au cas où... ) il s'agit d'un poème qui s'appelle ANNIE ; Annie Pleyden qu'Apollinaire avait rencontré à Londres lors de la rédaction de la chanson du mal aimé après sa rupture avec Marie Laurencin,d'ailleurs figure dans "Alcool" un poème Marie dédiée à cette dernière et là on revient à Léo Ferré car ce poème "Marie" figure parmi les oeuvres d'Apollinaire qu'il a mis en musique.

Je viens de remettre le nez dans Alcools...Merci Fabrice... Annie beaucoup moins connu effectivement...Quant à Marie ...encore superbement mis en musique par Léo Ferré... Comme pour tous les poètes qu'il a chantés...

Merci Fabrice ,

Je pense confondre "Alcools" et "Zone" dont le "Soleil , cou coupé" final m'avait marqué.

[quote="Hélène"]Reggiani toujours , un des plus grands interprètes de tous ces textes...C'est la chanson d'un film et les paroles de J.L.Dabadie, mais, vu sa beauté, je trouve qu'elle a sa place dans ce fil...



Voici ma dernière acquisition (merci )

Joli cadeau de Noël Fabrice