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Le train à travers les textes...

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Hélène
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Le train à travers les textes... - Page 2 Empty Re: Le train à travers les textes...

Message par Hélène Sam 13 Déc - 8:46

Marcel Proust (1871 -1922 ) ...Combien se sont enlisés dans les pages de ses livres, moi la première, perdant le fil...Et pourtant à petites doses...Difficile de trouver mieux pour décrire une situation, une atmosphère, un état d'âme...Le tout détaillé avec minutie au scalpel des mots...Comme ce lever de soleil vu du train...

...A un moment où je dénombrais les pensées qui avaient rempli mon esprit pendant les minutes précédentes, pour me rendre compte si je venais ou non de dormir (et où l'incertitude même qui me faisait me poser la question était en train de me fournir une réponse affirmative), dans le carreau de la fenêtre, au-dessus d'un petit bois noir, je vis des nuages échancrés dont le doux duvet était d'un rose fixé, mort, qui ne changera plus, comme celui qui teint les plumes de l'aile qui l'a assimilé ou le pastel sur lequel l'a déposé la fantaisie du peintre.
Mais je sentais qu'au contraire cette couleur n'était ni inertie, ni caprice, mais nécessité et vie. Bientôt s'amoncelèrent derrière elle des réserves de lumière. Elle s'aviva, le ciel devint d'un incarnat que je tâchais, en collant mes yeux à la vitre, de mieux voir, car je le sentais en rapport avec l'existence profonde de la nature, mais la ligne du chemin de fer ayant changé de direction, le train tourna, la scène matinale fut remplacée dans le cadre de la fenêtre par un village nocturne aux toits bleus de clair de lune, avec un lavoir encrassé de la nacre opaline de la nuit, sous un ciel encore semé de toutes ses étoiles, et je me désolais d'avoir perdu ma bande de ciel rose quand je l'aperçus de nouveau, mais rouge cette fois, dans la fenêtre d'en face qu'elle abandonna à un deuxième coude de la voie ferrée; si bien que je passais mon temps à courir d'une fenêtre à l'autre pour rapprocher, pour rentoiler les fragments intermittents et opposites de mon beau matin écarlate et versatile et en avoir une vue totale et un tableau continu...

( A l'ombre des jeunes filles en fleur )


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Dernière édition par Hélène le Dim 14 Déc - 19:02, édité 1 fois
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Message par Hélène Dim 14 Déc - 18:57

J'aime beaucoup la poésie de Maurice Carême ( 1899- 1978 )...C'est cette poésie au goût d'enfance qu'on apprenait dans les écoles comme celle de René-Guy Cadou ..Et qu'à tort, du coup , on a trop tendance à considérer avec condescendance...Une poésie pleine de fraîcheur mais qui recèle souvent derrière l'apparence, une gravité pleine de tendresse...

C'est le cas de ce poème ... Une ambiance familière croquée en peu de mots...


Gare isolée

On allume les lampes.

Un dernier pinson chante.

La gare est émouvante

En ce soir de septembre.


Elle reste seule

A l’écart des maisons,

Si seule à regarder

L’étoile du berger

Qui pleure à l’horizon

Entre deux vieux tilleuls.


Parfois un voyageur

S’arrête sur le quai,

Mais si las, si distrait,


Qu’il ne voit ni les lampes,

Ni le pinson qui chante,

Ni l’étoile qui pleure

En ce soir de septembre.


Et la banlieue le cueille,

Morne comme le vent

Qui disperse les feuilles

Sur la gare émouvante

Et plus seule qu’avant.

Hélène
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Message par videolf Dim 14 Déc - 21:57

Poésie sur la solitude, solitude de la gare , solitude du voyageur... Qu'y at-il de plus de seul qu'un voyageur dans la foule ?

Albert

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Message par Hélène Dim 14 Déc - 22:00

Prétexte à de belles photos de ces instants d'abandon dans les gares d'ailleurs...Surtout en noir et blanc qui accentue ce sentiment d'isolement...
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Message par Hélène Lun 15 Déc - 18:09

Je parlais de René-Guy Cadou ( 1920-1951 ) instituteur de campagne à la poèsie miracle de douceur, de fraîcheur et parfois de gravité mélancolique...Cadou, passeur d'amour qui s'éteint en disant à ses proches " continuez . Le temps qui m'est donné que l'amour le prolonge."...


Un enfant précoce

Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des coeurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement

Et disait
"Et maintenant cherche ta vie" .


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Message par Hélène Mer 17 Déc - 9:23

Inutile de présenter Jacques Prévert (1900-1977 ) Tout le monde connaît au moins un de ses textes...
Celui-ci est très court mais comme d'habitude chez Prévert, derrière le jeu de mots, que de profondeur...Tout est dit en quatre phrases sur nous et le Temps...Le Temps-refuge, le Temps-assassin...

Egarés

Le Temps nous égare
Le Temps nous étreint
Le Temps nous est gare
Le Temps nous est train.

Hélène
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Message par Hélène Lun 22 Déc - 8:22

Léon Dierx ( 1838-1912 ) poète parnassien, proche de Leconte de Lisle puis de Mallarmé, a travaillé comme employé de bureau pour la Compagnie de Chemin de fer d'Orléans...Ici juste une allusion au train mais pourtant indispensable élément du décor de cette solitude nocturne...

Le remous

Tout se tait maintenant dans la ville. Les rues
Ne retentissent plus sous les lourds tombereaux.
Le gain du jour compté, victimes et bourreaux
S'endorment en rêvant aux richesses accrues ;
Plus de lampe qui luise à travers les carreaux.

Tous dorment en rêvant aux richesses lointaines.
On n'entend plus tinter le métal des comptoirs ;
Parfois, dans le silence, un pas sur les trottoirs
Sonne, et se perd au sein des rumeurs incertaines.
Tout est désert : marchés, théâtres, abattoirs.

Tout bruit se perd au fond d'une rumeur qui roule.
Seul, aux abords vivants des gares, par moment,
Hurle en déchirant l'air un aigu sifflement.
La nuit règne. Son ombre étreint comme une foule.
- Oh ! Ces millions d'yeux sous le noir firmament.

La nuit règne. Son ombre étreint comme un mystère ;
Sous les cieux déployant son crêpe avec lenteur,
Elle éteint le sanglot de l'éternel labeur ;
Elle incline et remplit le front du solitaire ;
Et la vierge qui dort la laisse ouvrir son coeur.

Voici l'heure où le front du poète s'incline ;
Où, comme un tourbillon d'abeilles, par milliers
Volent autour de lui les rêves réveillés
Dont l'essaim bourdonnant quelquefois s'illumine ;
Où dans l'air il surprend des frissons singuliers.

L'insaisissable essaim des rêves qui bourdonne
L'entoure ; et dans son âme où l'angoisse descend
S'agite et s'enfle, avec un reflux incessant,
La houle des désirs que l'espoir abandonne :
Amour, foi, liberté, mal toujours renaissant.

Comme une houle épaisse où fermente la haine
De la vie, en son coeur plus caché qu'un cercueil,
S'élève et vient mourir contre un sinistre écueil
L'incurable dégoût de la clameur humaine
Dont la nuit au néant traîne le vain orgueil !


Dernière édition par Hélène le Dim 28 Déc - 15:09, édité 1 fois
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Message par Hélène Mer 24 Déc - 7:58

Même chez St Exupéry (1900-1944)

- Bonjour, dit le petit prince.
- Bonjour, dit l'aiguilleur.
- Que fais-tu ici? dit le petit prince.
- Je trie les voyageurs, par paquet de mille, dit l'aiguilleur. J'expédie les trains qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.
Et un rapide illuminé, grondant comme le tonnerre , fit trembler la cabine d'aiguillage.
- Ils sont bien pressés, dit le petit prince. Que cherchent-ils ?
- L'homme de la locomotive l'ignore lui-même, dit l'aiguilleur.
Et gronda, en sens inverse, un second rapide illuminé.
- Ils reviennent déjà ? dit le petit prince ...
- Ce ne sont pas les mêmes, dit l'aiguilleur. C'est un échange.
- Ils n'étaient pas contents, là où ils étaient ?
- On n'est jamais content là où l'on est, dit l'aiguilleur.
Et gronda le tonnerre d'un troisième rapide illuminé.
- Ils poursuivent les premiers voyageurs ? demanda le petit prince.
- Ils ne poursuivent rien du tout, dit l'aiguilleur. Ils dorment là-dedans, ou bien ils baillent. Les enfants seuls écrasent leurs nez contre les vitres.
- Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent, fit le petit prince. Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent...
- Ils ont de la chance, dit l'aiguilleur.

( Le Petit Prince )
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Message par Hélène Jeu 25 Déc - 21:27

Henry Bataille (1872-1922 ) est aussi un poète qui laisse s'exprimer beaucoup de nostalgie dans ses textes...


Les trains

Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares
Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent
J'aime ces trains mouillés qui passent dans les champs,
Ces longs convois de marchandises bruissants,
Qui pour la pluie ont mis leurs lourds manteaux de bâches,
Ou qui dorment des nuits entières dans les garages...
Et les trains de bestiaux où beuglent mornement
Des bêtes qui se plaignent au village natal
Tous ces grands wagons gris, hermétiques et clos,
Dont le silence luit sous l'averse automnale,
Avec leurs inscriptions effacées, leurs repos
Infinis, leurs nuits abandonnées, leurs vitres pâles
Oh ! le balancement des falots dans l'aurore!...
Une machine est là qui susurre et somnole...
Une face se montre et rabaisse le store...
Et la petite gare où tinte une carriole...
Belloy, Sours,Clarigny, Gagnac et la banlieue...
Oh ! les wagons éteints où l'on entend des souffles !
La palpitation des lampes au voile bleu...
Le train qu'on croise et qui nous dit qu'il souffre
Tandis que nopus fronçons le sourcil dans nos coins,
Et nous laisse étonnés de son prolongement...
Oh ! dans la halte verte où l'on entend les cailles,
Le son du timbre triste et solitaire !...Et puis
Les voies bloquées avec au loin un sifflet qui tressaille
Les signaux réguliers dans le dortoir des nuits...
Des appels mystérieux que l'on ne comprend pas...
Et - oh ! surtout ! - après des bercements sans fin,
Où l'âme s'est donnée comme en une brisure,
L'entrée retentissante, avec un bruit d'airain,
De tout l'effort joyeux et bondissant du train,
Dans les grandes villes pleines de murmures !...
C'est là que vient se casser net le pur rayon
Qui m'a conduit d'un rêve à l'autre par le monde
Rails infinis sous le beau clair de lune et les fourgons,
A qui j'ai confié l'amertume profonde
De tous mes chers départs et tant d'enchantements...

J'aime les trains mouillés qui passent dans les champs.
Hélène
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Message par Hélène Sam 27 Déc - 18:32

Un autre instituteur comme Cadou, Georges Jean né en 1920....


Dans le train roule le temps

Des paysages qui s'ouvrent
Quand on veut mordre dedans

Des maisons comme des yeux
Avec de fausses paupières

Des gens qui marchent
Des jardins tristes
des rivières

S'asseoir enfin...

Mais je suis emporté jusqu'au bout du voyage.


Dernière édition par Hélène le Dim 28 Déc - 15:10, édité 1 fois
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Le train à travers les textes... - Page 2 Empty TRAIN BLEU

Message par passager Dim 28 Déc - 12:20

Ode au TRAIN BLEU

Venez: c'est le train bleu, dont le magique essor
Court aux rives d'azur, là-bas, vers l'Italie
Venez: c'est le train bleu, dont la belle folie
Fuit vers le Languedoc et la Provence d'or

venez: c'est le train bleu qu'un navire prolonge
vers la blanche Algérie et la Corse au grand coeur
C'est le train dont l'élan pacifique et vainqueur
Semble s'arrêter aux limites du songe


poème d'EMILE RIPER


Passager du Nord Express Cool


Dernière édition par passager le Dim 28 Déc - 15:38, édité 1 fois

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Le train à travers les textes... - Page 2 Empty Re: Le train à travers les textes...

Message par Hélène Dim 28 Déc - 13:27

Merci Michel de nous faire découvrir ce joli texte que je ne connaissais pas ni son auteur...

Juste une précision valable pour toutes les dédicaces éventuelles...Si j'apprécie l'humour ,je souhaite que les sujets mis ici s'adressent à tous , du moins à tous ceux qui s'y intéressent..Et je tiens à ce titre à ce qu'on oublie que je suis administratrice et...femme...mais être simplement considérée un membre du forum comme les autres...
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Le train à travers les textes... - Page 2 Empty Re: Le train à travers les textes...

Message par Hélène Dim 28 Déc - 16:45

Émile Zola bien sûr ( 1840 - 1902 ) et La Bête humaine publié en 1890, le dix-septième volume de la série Les Rougon-Macquart. Sans doute, le plus connu des romans de chemin de fer , très noir comme tous les romans de Zola...

(...)
Les deux hommes, tombés ensemble, entraînés sous les roues par la réaction de la vitesse, furent coupés, hachés, dans leur étreinte, dans cette effroyable embrassade, eux qui avaient si longtemps vécu en frères. On les retrouva sans tête, sans pieds, deux troncs sanglants qui se serraient encore, comme pour s'étouffer. Et la machine, libre de toute direction, roulait, roulait toujours. Enfin, la rétive, la fantasque, pouvait céder à la fougue de sa jeunesse, ainsi qu'une cavale indomptée encore, échappée des mains du gardien, galopant par la campagne rase. La chaudière était pourvue d'eau, le charbon dont le foyer venait d'être rempli, s'embrasait ; et, pendant la première demi-heure, la pression monta follement, la vitesse devint effrayante. Sans doute, le conducteur chef, cédant à la fatigue, s'était endormi. Les soldats, dont l'ivresse augmentait, à être ainsi entassés, subitement s'égayèrent de cette course violente, chantèrent plus fort. On traversa Maromme, en coup de foudre. Il n'y avait plus de sifflet, à l'approche des signaux, au passage des gares. C'était le galop tout droit, la bête qui fonçait la tête basse et muette, parmi les obstacles. Elle roulait, roulait sans fin, comme affolée de plus en plus par le bruit strident de son haleine. À Rouen, on devait prendre de l'eau ; et l'épouvante glaça la gare, lorsqu'elle vit passer, dans un vertige de fumée et de flamme, ce train fou, cette machine sans mécanicien ni chauffeur, ces wagons à bestiaux emplis de troupiers qui hurlaient des refrains patriotiques. Ils allaient à la guerre, c'était pour être plus vite là-bas, sur les bords du Rhin. Les employés étaient restés béants, agitant les bras. Tout de suite, le cri fut général : jamais ce train débridé, abandonné à lui-même, ne traverserait sans encombre la gare de Sotteville, toujours barrée par des manoeuvres, obstruée de voitures et de machines, comme tous les grands dépôts. Et l'on se précipita au télégraphe, on prévint. Justement, là-bas, un train de marchandises qui occupait la voie, put être refoulé sous une remise. Déjà, au loin, le roulement du monstre échappé s'entendait. Il s'était rué dans les deux tunnels qui avoisinent Rouen, il arrivait de son galop furieux, comme une force prodigieuse et irrésistible que rien ne pouvait plus arrêter. Et la gare de Sotteville fut brûlée, il fila au milieu des obstacles sans rien accrocher, il se replongea dans les ténèbres, où son grondement peu à peu s'éteignit.


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Message par Hélène Lun 29 Déc - 14:31

Après Carême, Cadou...dans la même lignée Maurice Fombeure (1906 -1981) écrivain et poète français, professeur de lettres...

Le Tortillard

Locomotive
Au chapeau pointu,
Tu traînes entre les métives
Ton petit tortillard têtu.

Toi. Tu trompettes à tue-tête,
Tu zigzagues comme un lézard.
Les boeufs regardent aux fenêtres,
On dirait un train de bazar.

Gare, la gare est là-bas sous les saules,
Au bord des eaux chantantes de sommeil.
Ta tête bleue roulait sur mon épaule
Je t'embrasse, vite, à chaque tunnel.

Au temps jadis, au clair temps des vacances,
Aux temps de la fille, aux temps du garçon,
Nos coeurs battaient comme gorge de bête
L'amour est là. Nul n'en a le soupçon !

Plus tard, la vie brouillera ses étoiles,
Renversera les encriers sacrés
Nous pleurerons, le nez dans nos cartables
Les rois déserts et les lauriers coupés.
Hélène
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Message par Hélène Mar 30 Déc - 14:30

Pierre - Jakez Hélias (1914 - 1995 ) et son magnifique livre Le Cheval d'Orgueil ,véritable étude ethnographique de la Bretagne de la 1ère moitié du XXè siècle. Le titre expliqué par les propos de son grand-père... " Trop pauvre que je suis pour posséder un autre animal, du moins 'le Cheval d'Orgueil' aura-t-il toujours une stalle dans mon écurie ". Ainsi parlait à l'auteur, son petit-fils, l'humble paysan Alain Le Goff qui n'avait d'autre terre que celle qu'il emportait malgré lui aux semelles de ses sabots de bois. "

Le train à travers les textes... - Page 2 Cheval10

Dans tous ces souvenirs, évidement le train a sa place......

" Et puis nous avons un autre spectacle qui ne coûte rien et que nous ne nous lassons jamais de voir. C'est le train. Oui, nous avons un train qui passe dans une vraie gare avec un chef qui parle français alors qu'au chef-lieu du canton il n'y a rien. On l'appelle train-carottes parce qu'il transporte aussi des chargements de légumes de toutes sortes. Il vient d'Audierne et il va jusqu'à Pont-l'Abbé. Là, il ,rencontre, à la gare, le train-berniques , ainsi nommé parce qu'il vient de Penmarc'h, la capitale des pêcheurs. Le train-berniques va jusqu'à la grande gare de Quimper, s'il vous plaît. Tous les deux portent le nom de trans-bigouden .
Notre train-carottes court l'aventure au flanc des vallées et au travers des bois de pins. Pour nous, sa locomotive est le cheval noir et personne ne l'a jamais appelée autrement sauf à l'école. C'est un animal suant, vivant, humide, avec une panse, un souffle et des crachats , sans commune mesure avec le cheval de fer , c'est à dire le vélo...."
Hélène
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Message par Hélène Jeu 1 Jan - 18:52

J'ai déjà évoqué Jacques Prévert...

En sortant de l’école

En sortant de l’école
Nous avons rencontré
Un grand chemin de fer
Qui nous a emmené
Tout autour de la terre
Dans un wagon doré
Tout autour de la terre
Nous avons rencontré
La mer qui se promenait
Avec tous ses coquillages
Ses îles parfumées
Et puis ses beaux naufrages
Et ses saumons fumés
Au-dessus de la mer
Nous avons rencontré
La lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon
Et les trois mousquetaires
Des cinq doigts de la main
Tournant la manivelle
D’un petit sous-marin
Plongeant au fond des mers
Pour chercher des oursins
Revenant sur la terre
Nous avons rencontré
Sur la voie de chemin d’fer
Une maison qui fuyait
Fuyait tout autour de la terre
Fuyait tout autour de la mer
Fuyait devant l’hiver
Qui voulait l'attraper
Et nous sur notre chemin d’fer
On s’est mis à rouler
Rouler derrière l’hiver
Et on l’a écrasé
Et la maison s’est arrêté
Et le printemps nous a salué
C’était lui le garde barrière
Il nous a bien remercié
Et toutes les fleurs
De toute la terre
Soudain se sont mises à pousser
Pousser à tort et à travers
Sur la voie de chemin d’fer
Qui ne voulait plus avancer
De peur de les abîmer
Alors on est revenu à pied
A pied tout autour de la terre
A pied tout autour de la mer
Tout autour du soleil
De la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
Et en bateau à voile.


Hélène
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Message par videolf Jeu 1 Jan - 19:39

Encore merci pour tous ces textes Hélène et ce dernier aurait tout aussi bien pu figurer dans la la rubrique "et la musique alors"... Ce texte ayant été repris par Yves Montand...et les Frères Jacques.
A+lbert
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Message par Hélène Jeu 1 Jan - 19:42

Merci Albert Very Happy C'est vrai que Montand notamment a repris plusieurs textes de Prévert en chansons...
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Message par Hélène Ven 2 Jan - 18:13

Joris-Karl Huysmans, (1848 - 1907 ) est un écrivain et critique d'art français. Dans un de ses romans "A Rebours" son héros fait une déclaration d'amour à deux vapeurs la Crampton et l'Enghert...

(...)
Et puis, à bien discerner celle de ses oeuvres considérée comme la plus exquise, celle de ses créations dont la beauté est, de l'avis de tous, la plus originale et la plus parfaite: la femme; est-ce que l'homme n'a pas, de son côté, fabriqué, à lui tout seul, un être animé et factice qui la vaut amplement, au point de vue de la beauté plastique? est-ce qu'il existe, ici-bas, un être conçu dans les joies d'une fornication et sorti des douleurs d'une matrice dont le modèle, dont le type soit plus éblouissant, plus splendide que celui de ces deux locomotives adoptées sur la ligne du chemin de fer du Nord?
L'une, la Crampton, une adorable blonde, à la voix aiguë, à la grande taille frêle, emprisonnée dans un étincelant corset de cuivre, au souple et nerveux allongement de chatte, une blonde pimpante et dorée, dont l'extraordinaire grâce épouvante lorsque, raidissant, ses muscles d'acier, activant la sueur de ses flancs tièdes, elle met en branle l'immense rosace de sa fine roue et s'élance toute vivante, en tête des rapides et des marées?
L'autre, l'Engerth, une monumentale et sombre brune aux cris sourds et rauques, aux reins trapus, étranglés dans une cuirasse en fonte, une monstrueuse bête, à la crinière échevelée de fumée noire, aux six roues basses et accouplées, quelle écrasante puissance lorsque, faisant trembler la terre, elle remorque pesamment, lentement, la lourde queue de ses marchandises!
Il n'est certainement pas, parmi les frêles beautés blondes et les majestueuses beautés brunes, de pareils types de sveltesse délicate et de terrifiante force; à coup sûr, on peut le dire: l'homme a fait, dans son genre, aussi bien que le Dieu auquel il croit.
Ces réflexions venaient à des Esseintes quand la brise apportait jusqu'à lui le petit sifflet de l'enfantin chemin de fer qui joue de la toupie, entre Paris et Sceaux; sa maison était située à vingt minutes environ de la station de Fontenay, mais la hauteur où elle était assise, son isolement, ne laissaient pas pénétrer jusqu'à elle le brouhaha des immondes foules qu'attire invinciblement, le dimanche, le voisinage d'une gare. (...)


Pour ceux qui voudraient en lire plus... http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?arebours1

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L'Enghert (image domaine public )
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Message par Hélène Mar 6 Jan - 14:20

Jacques Lacarrière (1925-2005 ) est un de ces écrivains grands-voyageurs, mais surtout à pied...

On trouve pourtant dans son livre "Ce bel et nouvel aujourd'hui' cette réflexion sur le TGV :

Qu’eût pensé ou qu'eût dit Zola devant le TGV, ce train qui rend désuètes, obsolètes les locomotives à vapeur ? Quel roman, quelle intrigue, comme celle de La Bête humaine, pourrait-il inspirer ? Même des œuvres comme Le Train bleu ou Le Crime de l'Orient-Express d'Agatha Christie, plus proches de notre temps, n'y trouveraient plus cette atmosphère close, ces compartiments intimes ni cette ambiance de luxe qui engendre et abrite le crime. Le TGV est un train sans passions puisqu'il est sans passé. Les fantômes n'y ont plus leur place. Tout y est clair, transparent. C'est un train fonctionnel, conçu pour que les hommes d'affaires puissent travailler en voyageant. Comme il va vite et que le temps n'y pèse guère, on n'y est pas tenté de se déplacer sans arrêt ou de se promener de long en large en des couloirs inexistants. Et puis, finis, oubliés les chuintements, grincements, tressautements des vieux trains à vapeur ! le TGV, lui, glisse en sourdine avec le froufrou d'un archet sur une corde basse. La locomotive à vapeur feulait dans le crissement de ses bielles d'acier. Le TGV ronronne, fait patte de velours sur le poli du rail, un rail soudé d'un seul tenant.

Non, plus de frottements ni d'usures inutiles : profils, courbures, cambrures offrent au vent une résistance minimale. Le voyageur ne sent même plus l'existence des roues, les bogies étant situés non sous les voitures comme autrefois mais entre elles, sous leur raccordement. Raccordements qui ne se nomment plus des soufflets, ces classiques de l'articulation ferroviaire, mais des anneaux d'interconnexion. Les trains anciens étaient des mille-pattes articulés. Le TGV est une chenille presque rigide.

Les trains à vapeur, c'est connu, faisaient les délices des bovins. Le TGV lui, fait leur désespoir. A sa vitesse courante - 270 kilomètres à l'heure -, il passe sous leurs yeux en moins de trois secondes. Ce n'est plus un spectacle, mais une épiphanie ! Au cours du trajet, des voix invisibles - mais qui viennent sûrement de la Terre - vous proposent différents services et annoncent aussi les stations. Peut-être un jour parleront-elles des paysages traversés, des villes tout juste effleurées, des provinces juste entr'aperçues, en raconteront-elles les légendes ? Mais je rêve : le TGV est conçu pour les technocrates, les fonctionnaires en déplacement, tous missionnaires laïques et pressés, jamais pour les poètes impénitents. L'imprévu - ou du moins l'incertitude - a disparu des voies ferrées avec les bielles et les escarbilles. Souvenez-vous de ces cheminots qui, autrefois, à chaque arrêt en gare, vérifiaient les freins en frappant les roues avec un marteau ! Voici un bruit ferroviaire aussi désuet désormais que celui des battoirs à linge dans les bateaux-lavoirs. Avec le TGV, plus besoin de contrôles extérieurs. La moindre anomalie est signalée d'emblée au conducteur sur son tableau de bord.

Oui, qu'eût pensé ou qu'eût dit Zola devant le TGV, ce train qui diagnostique lui-même son mal ou son malaise, ce train qui sûrement dialoguera bientôt avec son conducteur ?




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Message par Hélène Jeu 8 Jan - 14:08

Un livre Gare du Nord de Abdelkader Djemaï (Editions du Seuil)

Résumé
"On les surnomme Bonbon, Bartolo et Zalamite. Arrivés en France dans les années 50, ils ont connu à Marseille, Vénissieux, Noeux-les-Mines et enfin Paris une vie difficile, mais aussi des joies simples, la saveur de l'esquimau glacé, de la barbe à papa, les combats de catch avec l'Ange Blanc, les premiers téléviseurs et les films d'amour au Louxor, le grand cinéma de Barbès. Aujourd'hui à la retraite, ils vivent entre le "Foyer de l'Espérance", "La Chope Verte" et la gare du Nord qui attire irrésistiblement leurs pas. A travers les portraits de trois vieux immigrés du quartier de la Goutte-d'Or, de la belle Zaza, de Mazout ou du marabout Hadj Fofana Bakary, Abdelkader Djemaï nous restitue, avec des mots colorés et tendres, une mémoire et un autre visage de la France.
"



C'est, racontée à petites touches, la vie de tous ceux qui ont cru à un autre monde et se sont contentés d'avancer à petits pas, à la place qu'on leur a laissée...Simple et douloureux...


(...)Mais le lieu qui leur plaisait le plus, c'était la gare du Nord au fronton orné d'une inscription en chiffres romains et d'une horloge ronde et blanche aux longues aiguilles noires. Au-dessus de sa corniche au dessin bien net se dressaient une vingtaine de statues monumentales aux formes pleines et drapées. Comme les trois vieux, le temps les avait fatiguées, rendues un peu grises. Des couronnes sur la tête, des blasons posés contre leurs jambes galbées, elles représentaient des capitales européennes, et des cités du Nord telle Arras. (...)

Dès qu'ils approchaient de la gare du Nord, ils se sentaient attirés par son atmosphère chaleureuse, ses formes féminines et par sa lumière douce qui avait la couleur d'une bonne bière. C'était un peu leur port où ils débarquaient au gré de leur humeur, de leur fantaisie. Après avoir foulé les pavés de la place Napolèon III, ils avaient, en passant les grilles, l'impression d'être dans le ventre d'une baleine pacifique et maternelle. Protégés par ses murs percés de grandes fenêtres en demi-cercle, ils restaient dans le hall, immobiles, en confiance, goûtant le temps qui s'écoulait paisiblement. Qui sait, peut-être auraient-ils la bonne surprise d'apercevoir, parmi les milliers de voyageurs, un ancien collègue de travail, un vieil ami descendu du train ou en partance pour des villes qu'ils ne connaissaient pas et qu'ils n'auraient plus à présent l'occasion de connaître. (...)






Dernière édition par Hélène le Dim 1 Fév - 8:38, édité 1 fois
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Message par Hélène Sam 10 Jan - 17:33

Le haïku est un petit poème japonais très codifié et très bref qui exprime l'évanescence des choses...Ils parlent souvent des saisons...Certains évoquent les trains et les gares...

Un train passe
sa fumée s'enroule
autour des feuilles d'un jeune arbre

( Shiki )


Jusqu'aux hautes herbes
les roues de la locomotive
viennent s'arrêter

( SEISHI YAMAGUCHI )


La vitre du train
buée d'haleine d'hiver
je deviens personne

( Dhugal J. LINDSAY )

Des lotus
en fleur ici ~
gare isolée

( Ryōkan )
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Message par Hélène Mar 13 Jan - 10:14

Jean Tardieu ( 1903 -1995 ) a développé un univers particulier dans ses textes...Derrière le décalage et l'apparente absurdité , il y a toujours la profondeur...

Monsieur Monsieur

Avec Monsieur Monsieur
je m'en vais en voyage.
Bien qu'ils n'existent pas
je porte leurs bagages.
Je suis seul et ils sont deux.

Lorsque le train démarre
je vois sur leur visage
la satisfaction
de rester immobile
quand tout fuit autour d'eux.

Comme ils sont face à face
chacun a ses raisons.
L'un dit : les choses viennent
et l'autre : elles s'en vont;
quand le train les dépasse
est-ce que les maisons
subsistent ou s'effacent ?
moi je dis qu'après nous
ne reste rien du tout.

Voyez comme vous êtes !
lui répond le premier,
pour vous rien ne s'arrête
moi je vois l'horizon
de champs et de villages
longuement persister.
Nous sommes le passage
nous sommes la fumée ...
C'est ainsi qu'ils devisent
et la discussion
devient si difficile
qu'ils perdent la raison.

Alors le train s'arrête
avec le paysage
alors tout se confond.


(...)
Tenez une histoire
pas très compliquée
portant quel mystère!
J'étais sur le quai,
elle dans le train ;
le train est parti,
et je suis resté
debout sur le quai.
Jamais depuis lors
je ne l'ai revue
je n'ai rien compris
Ques s'est-il passé ?
Que s'est-il passé ?
Hélène
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Message par Hélène Jeu 15 Jan - 18:21

Le train est est très présent dans les romans policiers, qu'il serve juste de moyen de transport, de poursuite ou soit le lieu principal de l'intrigue, la meilleure illustration se trouvant dans les romans de miss Agatha Christie (1890 - 1976)...Si ses héros, de Miss Marple à Hercule Poirot, prennent souvent le train ( Poirot jugeant même qu'il s'agit d'un moyen de transport bien plus sûr et rassurant que la voiture ) seuls certains de ses livres organisent leur intrigue autour du train...

Le Crime de l'Orient-Express

Arrivant du Levant à bord du « Taurus-Express », Hercule Poirot doit changer de gare à İstanbul. Il obtient une place dans un wagon-lits de l'Orient-Express en partance pour Paris et Calais. Après le départ de Belgrade, la nuit, M. Ratchett, un collectionneur d'art américain, est sauvagement assassiné dans une cabine de l'express. Une tempête de neige, en plein cœur de la Yougoslavie, bloque le train, ce qui va permettre au célèbre détective de résoudre cette affaire, dont le dénouement est plein d'originalité...

Le Train Bleu

Hercule Poirot voulait passer des vacances sur la Côte d'Azur. Des vacances ? Pas exactement, car il va devoir déployer les facultés qu'il ne déploie normalement qu'au travail : son art de résoudre les énigmes. En effet, Ruth Kettering, fille du richissime Mr Van Aldin est assassinée durant le voyage tandis qu'on lui vole ses rubis...

Le Train de 16 H 50

Tout commence à la gare de Paddington où Mrs McGillicuddy, une amie de Miss Marple, est sur le point de prendre le train de 16 h 50 à destination de Brackhampton après un séjour à Londres qui lui a permis d'effectuer ses achats de Noël.
Durant le voyage apparaît un train allant dans la même direction que le sien, et pour satisfaire sa curiosité, la vieille dame regarde à travers la vitre les occupants de celui-ci. C’est alors qu’elle est paralysée par une vision d'horreur : un homme, vu de dos, est en train d'étrangler une femme dont les yeux sortent de leurs orbites. Puis, le train de 16 h 50 ralentissant, Mrs McGillicuddy voit cet horrible spectacle disparaître dans la nuit.
Elle fait alors appel à sa vieille amie Miss Marple et lui expose les faits.



... Satisfaite, elle se tourna de nouveau vers la fenêtre. Soudain, un express passa en trombe avec un sifflement aigu qui fit trembler les vitres. Mrs McGillicuddy sursauta. Peu aprés, son propre train ralentit, à l'approche d'un signal sans doute. A ce moment, sur la voie la plus proche, un autre convoi fit son apparition et l'effet devint impressionnant : allant dans la même direction, et presque à vitesse égale, les deux trains semblaient disputer un match.
Réflexe habituel d'un voyageur désoeuvré, Mrs McGillicuddy s'efforçait de voir les occupants des compartiments qui s'offraient à sa vue. Mais la plupart des stores avaient été baissés -froid intense et nuit noire - et les voyageurs, par ailleurs peu nombreux, étaient difficilement visibles.
Cependant, alors que, collés l'un à l'autre, pour ainsi dire, les trains donnaient l'impression d'être immobiles, le store du compartiment qui faisait alors face à celui de Mrs McGillicudy se souleva entièrement, permettant à celle-ci de satisfaire sa curiosité. Mais ce qu'elle vit lui arracha un petit cri..."



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Message par Hélène Sam 24 Jan - 18:13

Un livre des années 1920 "Le Vocabulaire des Petits" de M.Fournier directeur d'école

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Dernière édition par Hélène le Dim 25 Jan - 11:20, édité 1 fois
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